Salut à tous!
j’aimerais vous informer aujourd’hui sur les polémiques au sujet des couleurs de tatouage, parce que ça redevient d’actualité depuis quelques temps. (Par exemple en France dans un article publié par le journal « le monde » )
(lien ici:
On parle de quoi?
Dans les faits:
Au beau milieu de cette crise, le parlement européen a émis un nouveau règlement publié le 15 décembre, qui programme pour janvier 2023 l’interdiction de deux pigments (un type de bleu et de vert) qu’on trouve dans bon nombre de couleurs utilisées actuellement. Les raisons invoquées sont un principe de prudence, un terme très en vogue par les temps qui courent.
l’Union Française des Consommateurs (U.F.C.) a rappelé avoir détecté dans les encres, des substances qui ne correspondent pas aux régulations mises en place dans le domaine des cosmétiques et qui pourraient être potentiellement toxiques, voire cancérogènes.
Certains médias ont relayé ces informations en ôtant les nuances pour un message alarmiste, peut-être parce que c’est plus vendeur à leurs yeux.
Tatouage et cancer?
Jusqu’à ce jour, il n’existe aucun cas de cancer causé par un tatouage qui soit prouvé officiellement et scientifiquement. Ni aujourd’hui, ni même il y a 30 ans, quand la composition des encres était encore bien moins régulée que maintenant.
On ne sait pas quelles méthodes de tests ont été utilisées par l’UFC, et il n’existe pas non plus d’enquête analytique dans le cadre de ces tests. Pour ces raisons il est impossible d’établir avec certitude un lien quelconque entre la toxicité potentielle de ces encres de tatouage et les éventuels effets indésirables sur l’organisme humain, à court ou à long terme.
Donc en clair personne n’a jamais attrapé le cancer en se faisant tatouer.
Et en suisse?
En suisse, les encres de tatouage sont considérées administrativement comme de la nourriture. C’est donc l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) qui se charge de s’assurer que les tatoueurs suivent les « bonnes pratiques de travail » (qu’on peut télécharger ici :
Ce sont également eux qui procèdent au contrôle des encres, au moyen de prélèvements d’échantillons qui sont par la suite analysés en laboratoire pour s’assurer de leur conformité.
Il n’existe pas de liste d’encres de tatouages agréées, mais il y a une liste négative de lots d’encres qui n’ont pas passé les tests. Lien disponible ici:
https://www.blv.admin.ch/dam/blv/fr/dokumente/gebrauchsgegenstaende/kosmetika-schmuck-textilien/anwendungsverbot-taetowier-farben.pdf.download.pdf/interdiction_d_utilisation_couleurs_de_tatouage_et_PMU.pdf
Cependant, en suisse comme ailleurs, il n’y a aucune étude aujourd’hui qui obtienne un niveau d’expérience suffisamment proche de la réalité pour donner des résultats fiables.
Et l’avis d’un dermatologue?
c’est essentiel de relativiser comme le dit le Dermatologue Nicolas Kluger:
« Un produit peut être plus ou moins cancérigène selon la manière dont on l’introduit dans le corps, reprend Nicolas Kluger. Le problème du tatouage, c’est qu’on teste très rarement le produit sur les souris en les tatouant. Souvent, on fait boire ou respirer le composant.
Quant aux études sur les hommes, il faudrait éviter les nombreux biais. Et ce « avec des cohortes de personnes tatouées qui n’ont aucun autre facteur de risque de cancer. Quand on sait que 40 % des tatoués sont fumeurs, on mesure la complexité », insiste-t-il.
…« Cette régulation peut sembler très stricte aux tatoueurs et fabricants d’encre quand on sait qu’on a des produits cancérigènes en vente libre comme le tabac, nuance le dermatologue. Là, on se bat sur l’encre bleue à cause d’un hypothétique risque cancérogène. »
l’article complet duquel est tiré sa citation dans un article du 20 minutes, est disponible ici:
Alors, je risque quoi de me faire tatouer?
Quand il est fait dans de bonnes conditions, et que le client respecte la procédure pour la cicatrisation, le tatouage est sans danger!
Il vaut mieux cependant aller voir un tatoueur professionnel expérimenté, et éviter ceux qui travaillent à domicile dans des conditions d’hygiène douteuses.
Mais alors, pourquoi vouloir interdire?
Malheureusement, encore aujourd’hui il existe des gens qui n’aiment pas les tatouages et voudraient les interdire.
Il est déplorable de constater qu’environ tous les 5 ans, le tatouage est attaqué et critiqué sur des bases scientifiques infondées.
C’est aussi super triste que les études qui servent à justifier ces attaques, consistent le plus souvent à torturer des animaux en leur faisant boire ou respirer des pigments qui ne reflètent en aucun cas la réalité de l’usage qu’on fait de ces encres.
Il faut savoir qu’une fois l’encre fixée dans la peau, les quantités de certaines substances potentiellement toxiques fixées dans un tatouage sont super faible.
Pour se faire une idée, il y en a autant que dans des aliments courants qu’on trouve dans le commerce, comme quand on boit une tasse de cacao par exemple.
En réalité aujourd’hui encore le tatouage demeure mal compris par les gens qui dictent nos lois.
D’ailleurs, la plupart de ceux qui tentent de le réprimer ne portent pas de tatouages.
C’est d’autant plus navrant de constater les efforts qui sont fait dans le sens de cette répression au nom de notre santé, alors que la vente de tabac, d’alcool, de sucre ajoutés, d’huile de palme et de pesticides sont autorisés!
Le syndicat national des tatoueurs français (S.N.A.T.) a fait une excellente analyse dans un article hyper bien fait, je vous met le lien ici
La revue française « tatouage magazine » a également sorti un article dans son dernier numéro, paru le 24 février sur le sujet. il est disponible en kiosque.
Tu veux aider à sauver le tatouage?
Il existe une pétition francophone du SNAT qui relaie celle d’origine autrichienne, qui a été publiée le 16 janvier 2021.
Le but est d’alerter le parlement européen et d’empêcher l’interdiction de certains pigments qui pourraient avoir des répercussions sur tout notre métier. Votre signature peut vraiment faire la différence!
le lien est ici:
Mon mot de la fin:
On peut résumer ces deux points de vue :
D’un côté les tatoueurs, clientèle et famille qui sont enthousiastes du tatouage qu’ils pratiquent et portent depuis des années.
La majorité des professionnels sont désireux de s’instruire, ouverts au dialogue et veulent pouvoir exercer leur métier dans des conditions d’hygiène sécuritaires avec le meilleur matériel possible.
A titre personnel, je prends mon métier de tatoueur très à coeur, et j’accorde une attention toute particulière aux choix de mes encres.
C’est super important pour moi de pouvoir travailler avec de belles couleurs en toute sécurité, parce que ma clientèle, beaucoup de mes amis et la plupart de mon entourage sommes tous tatoués!
Et de l’autre côté on a une administration, un organisme étatique qui veut légiférer mais qui souffre en l’absence d’une étude précise qui prenne en compte la réalité du processus et de l’impact réel sur l’organisme humain, dont les décisions sont prises un peu à l’aveugle.
Dans une société humaine complexe, le contexte est super important et il est indispensable de maintenir un dialogue pour faire les choses correctement, que ceux qui dirigent et décident de ce qui est autorisé travaillent en étroite collaboration avec ceux qui sont concernés à savoir les tatoueurs.
Faute de quoi les décisions prises seront arbitraires, sans rapport avec l’intérêt de la santé publique, et reçues comme une oppression qui favorisera le travail clandestin d’une profession qui a tant lutté pour améliorer son image.
Aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable que les gens communiquent et travaillent ensemble pour le bien commun, et j’espère que le parlement entendra raison pour lever cette interdiction.
Sylvain Liengme
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